La chèvre dans les dessins satiriques sur la franc-maçonnerie est un symbole lié à des légendes et des préjugés historiques. Associée au diable dans l’imaginaire occidental, notamment à travers le Baphomet, elle a été utilisée par les opposants pour caricaturer les francs-maçons en les accusant de satanisme ou de pratiques occultes. Ces dessins exagèrent des idées fausses sur des rites prétendument absurdes ou mystérieux. En réalité, la chèvre n’a aucune place dans la franc-maçonnerie, et ces représentations relèvent davantage de l’humour ou de la moquerie que de faits. En explorant cette question, nous avons rencontré P. DE VACQUEYRAS et S.RAHM, auteurs d’un livre de vulgarisation sur la franc-maçonnerie.
La Chèvre : Merci à vous deux, Pierre DE VACQUEYRAS et Sylvie RAHM, de prendre le temps de discuter de votre dernier ouvrage, qui explore les mystères du grade d’Apprenti au Rite Français. Pour commencer, comment décririez-vous ce livre en quelques mots ?
Pierre : « Apprenti(e) franc-maçon(ne) au Rite Français » est avant tout une invitation à revisiter le chemin maçonnique qui va permettre au profane de devenir franc-maçon, qu’il s’agisse du rituel d’initiation, du symbolisme coutumier des Tenues ou de la vie dans la loge. Nous avons voulu offrir une vue d’ensemble sur les particularités de l’initiation maçonique au Rite Français. Nous explorons également les offices maçonniques, les cérémonies, et la richesse symbolique qui guide chaque maçon dans sa quête de perfectionnement moral et spirituel.
Sylvie : Oui, et nous avons surtout voulu démystifier la maçonnerie pour les jeunes Apprentis et Apprenties, tout en offrant des outils de compréhension pour approfondir la réflexion. Les francs-maçonnes et les franc-maçons, qu’ils soient apprentis, compagnons ou maîtres maçons, partagent une démarche initiatique commune, mais que chacun va vivre à sa manière. Nous avons l’ambition d’offrir des clés de compréhension pour mieux comprendre les traditions, les symboles et les grands principes de notre ordre initiatique.
La Chèvre : Vous parlez des symboles et des rites. Pourquoi sont-ils si centraux dans la franc-maçonnerie ?
Pierre : Les symboles et les rites sont au cœur de la maçonnerie spéculative. Ils permettent de concilier les contraires, de relier le profane et le sacré, de donner une profondeur spirituelle à des concepts universels. Prenez l’équerre et le compas, ou encore la houppe dentelée et la pierre brute : ces symboles maçonniques sont des outils d’introspection et de perfectionnement. Ils nous rappellent que l’objectif n’est pas d’atteindre une perfection impossible, mais de progresser constamment, que ce soit dans nos vies profanes ou au sein du temple maçonnique.
Sylvie : Absolument. Le rituel maçonnique, qu’il soit inspiré des anciens rites ou des usages modernes, structure nos travaux en loge. Les coups de maillet, la chaîne d’union, le pavé mosaïque de nos temples ne sont pas que des éléments décoratifs ; ils portent les valeurs d’universalité, de fraternité et de recherche de la vérité. Chaque franc-maçon,chaque franc-maçonne en vivant le rituel, fait un pas de plus sur son chemin initiatique.
La Chèvre : Vous mentionnez les obédiences. Quelle est l’importance des obédiences dans la vie maçonnique ?
Pierre : Les obédiences, comme le Grand Orient de France, ou la Grande Loge Féminine de France sont des structures qui garantissent la cohérence des pratiques maçonniques. Elles veillent à la transmission des rituels, des grades, et des valeurs qui nous unissent. Par exemple, le GODF comme la GLFF mettent un accent particulier sur la laïcité et la liberté de conscience, notamment par la pratique du Rite Français.
Sylvie : Ces obédiences incarnent aussi une certaine filiation historique. La Grande Loge de Londres, créée au XVIIIe siècle, a marqué le début de la franc-maçonnerie moderne. Aujourd’hui, chaque obédience a ses spécificités, mais toutes s’inscrivent dans une tradition initiatique qui puise dans les anciens et les modernes. Elles permettent aux loges maçonniques d’échanger, de grandir ensemble, tout en respectant leurs particularités.
La chèvre: Votre livre semble également explorer des thématiques comme la spiritualité et la fraternité. Pourquoi sont-elles essentielles en maçonnerie ?
Pierre : La spiritualité, dans un cadre maçonnique, n’est pas dogmatique. Elle invite chacun à réfléchir librement à son lien avec le sacré, à sa place dans le monde, et à ses responsabilités envers ses Frères, ses Sœurs, et la société. En loge, nous cherchons à rassembler ce qui est épars, à bâtir un temple intérieur où la fraternité et la tolérance priment.
Sylvie : La fraternité maçonnique, c’est ce qui relie tous les initiés, qu’ils soient apprentis ou très haut dans l’organisation. Elle dépasse les différences sociales, culturelles ou religieuses. Chaque vénérable maître, chaque surveillant, chaque maître maçon travaille dans cette optique de fraternité et de solidarité. Ce lien est renforcé par mes cérémonies, les symboles, et les rituels qui nous rappellent que nous faisons partie d’un tout plus grand.
La chèvre : Certains voient encore la franc-maçonnerie comme une secte ou une société secrète. Que leur répondez-vous ?
Pierre : Ce cliché persiste, mais il est loin de la réalité. La franc-maçonnerie est une société initiatique, pas une secte. Elle est ouverte à tous ceux qui partagent ses valeurs de tolérance, de liberté et de perfectionnement moral. Ce n’est pas une société secrète, mais une société discrète, où chacun peut travailler sur lui-même à l’abri des jugements extérieurs.
Sylvie : La discrétion permet à la parole de circuler librement, dans un espace de respect et de bienveillance. Quant aux loges maçonniques, elles ne sont pas des lieux de pouvoir, mais des espaces de réflexion. La franc-maçonnerie n’impose rien ; elle invite chacun à emprunter sa propre voie initiatique, en s’appuyant sur les rituels maçonniques, les mythes, et les symboles utilisés depuis des siècles.
La chèvre : Enfin, que souhaiteriez-vous que vos lecteurs retiennent de ce livre ?
Pierre : Que la franc-maçonnerie n’est pas une fin en soi, mais une méthode, une voie. Chaque franc-maçon, qu’il soit nouvel initié ou maître maçon, est en chemin, en quête de perfectionnement spirituel.
Sylvie : Nous espérons aussi que ce livre montrera que la maçonnerie est une réponse aux défis modernes : elle offre un espace pour concilier les contraires, pour trouver un sens dans un monde souvent désorienté. C’est une démarche personnelle, mais qui se vit collectivement, sous la voûte étoilée de nos temples.
La Chèvre : Merci à vous deux pour cet échange enrichissant.
Pierre et Sylvie : Merci à vous. N’hesitez pas à visiter notre site initie.fr !